2



Judith





Dans un parking. Dans sa voiture. Une vieille 404 qui avait connu des jours meilleurs. Ça m’amusait. Je n’avais pas fait ça dans une voiture depuis… depuis mes vingt ans. Et j’en ai cinquante et un. Il est mignon, il a la peau douce et l’air timide de ceux qui se révèlent de très bons coups. Ce qu’il est. Sans ostentation. Avec une grâce naturelle.

Je fouille dans mon sac en cherchant le liquide. Que je ne trouve pas. Pourtant je suis sûre de l’avoir pris.

— C’est toujours le bordel là-dedans, un trou noir, ce sac !

— C’est pas grave. Vous avez mon portable, vous inquiétez pas pour ça.

Je finis par trouver l’argent, coincé entre les pages d’un agenda.

— Deux cents… C’est ça ?

Il a eu un petit hochement de tête en prenant les billets.

— Désolé, c’est pas vraiment confort…

— Non, c’était parfait… j’avais envie de changer de décor… Vous ne trouvez pas ça exotique, les parkings ? Presque un rendez-vous d’agents secrets.

Ça le fait sourire.

— On se reverra ?

Peut-être. Je lui conseille de changer sa photo sur son site.

— Tu es beaucoup plus mignon en vrai.

Je l’ai embrassé sur la joue et je suis sortie de la voiture.

— Peut-être à un de ces jours, Cédric…

— Patrick. C’est Patrick. Et vous ? Si c’est pas indiscret ?

— Judith.

Judith. C’est un prénom dur et j’ai fini par lui ressembler. J’aurais préféré m’appeler Irène, mais c’est ma sœur qui s’appelle Irène.

Je suis montée dans ma voiture. On aurait peut-être dû faire ça dans la Mercedes. J’avais un petit peu mal au dos. Mais ce n’était pas franchement désagréable. Sa voiture est passée devant la mienne, il m’a fait un petit signe en s’éloignant. Je me suis regardée dans le rétroviseur. Mon brushing en avait pris un coup, mais à part ça aucune trace.